News écrite il y a quelques jours...
"Avant de se dire au revoir"
"Monsieur, je vous préviens, votre femme a un tel tempérament une telle force qu’elle va s'accrocher. Elle force mon admiration. Son niveau de lucidité est incroyable et surtout elle ne lâche rien!"
Ce sont les mots du médecin spécialisé dans "la prise en charge de la douleur" pour joliment dire autrement "soins palliatifs".
Après une courte hospitalisation, Cécile est rentrée au Refuge prise en charge en "HAD" (hospitalisation à domicile), encore un joli nom de la sphère médicale rebaptisé vite fait en "Hyvert Au Domicile" ou "Humanité A Déborder".
On s'en doutait, la maladie s'étend et s'intensifie apportant son lot de douleurs, ce qu'elle redoutait. Jusque là, Cécile a passé son temps à nous dire la chance d'échapper à la souffrance physique : "je ne suis que fatiguée..." disait-elle.
Les antalgiques, corticoïdes, et surtout la morphine s’ils éloignent la douleur, apportent aussi une jolie confusion. Elle prend sur elle pour utiliser le moins possible sa pompe à morphine "sinon je serai moins à vous!" nous dit-elle, et nous rassure : « je vais au mieux dans ce que j’ai à vivre ».
Elle fait le chemin douloureux de sa perte d'autonomie en cherchant par tous moyens à rester dans le statut de malade et ne pas entrer dans celui de mourant. "Vous savez docteur, je sais parfaitement où j'en suis et ce qui m'attend. J'accompagne depuis longtemps des personnes dont le pronostic vital est engagé".
"Je ne suis pas encore partie" nous dit-elle souvent! Cécile nous offre des temps merveilleusement intenses et lumineux. Du grand Cécile. D'authentiques pépites pour chacun de ses proches.
Être en lien jusqu'au bout avec nous voilà ce qui l'anime. Les visites la fatiguent mais elle en est d'abord stimulée. Même impactée par la maladie elle reste d'une belle dignité. Il faut que la brosse à cheveux ne soit jamais trop loin!
D'abord très consciente de l'impact de son état sur les autres, elle s'inquiète vite de savoir comment vont les siens.
Hier soir je lui demandais : « qu'aurais tu envie de leur dire à tes lecteurs du blog » :
"Je voudrais leur dire que c'est dur, que c'est très dur. Sentir chaque jour une parcelle de mon corps qui me quitte. J’ai peur de souffrir, cela me fait très peur. Il y a aussi la souffrance de vous quitter et de la peine que je peux provoquer. J’ai de la peine de ne pas voir mes petits enfants, le bébé que porte Elise. Je voudrais aussi dire que j’ai confiance dans l’Après, je n’en ai pas peur" .
Bien que très affectée, elle n'oublie jamais de nourrir cette qualité de lien avec l'ensemble du personnel médical. Un charisme permanent, celui d'être à l'autre, profondément. Quand elle n'exprime plus elle vous fixe avec ses grands yeux bleus, des yeux qui témoignent cette gratitude qu’elle porte en elle.
Avec les enfants nous l'avons aidée à lire les innombrables commentaires du blog de Juillet. Merci à vous tous d'être là jusqu'au bout. Cécile terrienne ou au ciel dans les bras du Seigneur, elle sera toujours aussi vivante.
Elle donne jusqu'au bout, distille ses messages, partage de l'intime. Elle garde aussi une belle dignité!
Cécile se prépare à nous dire au revoir, c'est une étape que je retransmets bien pauvrement par ces mots tant l'intensité de ce que nous vivons est lumineuse et féconde.
Chemin de Vie, Chemin d'Humanité, en vérité, voilà ce que depuis bientôt cinq ans, elle nous propose.
Permettez moi de conclure avec une prière que Cécile nous a dites il y a quelques jours :
« Merci Seigneur de nous réunir ensemble, merci à toi qui ne portes pas de nom, qui est plus Grand, qui est la Vie. Comme tu es la Vie et l’Amour, on t’appelle Dieu. On a besoin de te nommer car nous sommes humains et sans toi nous serions perdus. Tu n’as pas de nom, tu es Amour, tu es juste Amour.
Alors toi qui es Amour, que je vais rejoindre bientôt, merci de m’avoir offert une telle Vie. Toute petite déjà je voulais grandir dans l’Amour, mes quatre enfants que Philippe m’a offerts, en sont le signe.
Merci à toi Philippe avec qui j’ai pu parler, vivre et grandir. Je pense aussi à mes gendres.
A tous je vous aime, je vous aime beaucoup ! »
A bientôt,
Philippe et les enfants.