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Philippe

Cécile en juillet 2016 #52

C’est cœur à cœur depuis le Refuge de Bondues que nous vous adressons Cécile et moi la news de juillet. Ce mois-ci, Cécile n’ayant plus la force d’écrire, je prends la relève.

Ses forces s’amenuisent avec la maladie qui progresse mais aussi avec le nouveau traitement qui a provoqué d’intenses douleurs en plus de la fatigue. Nous venons donc de décider, en accord avec l’oncologue, d’arrêter ce protocole. Nous sommes dans la conscience de la très grande fragilité et incertitude de l'instant.


Dans la tourmente de la maladie, une veille estivale s'installe dans notre coin de campagne au « Refuge ». « Refuge » justement le nom que Cécile avait trouvé pour notre maison. Ici le jardin est notre horizon, s’y trouve un banc, le « banc de Martin » qui est un point de méditation de dialogue et de repos.


Le "banc de Martin" au Refuge


L'être s'adapte ingénieusement aux contraintes. Pas de plainte. Être là…surtout être là. Loin d'être happé par la belle convivialité des activités d’antan, nous apprécions ici le calme, la maladie nous oblige à faire preuve d'imagination. Chaque jour est une étape nouvelle, chaque heure une veille particulière pour être à l’affut de ce qui pourrait apaiser, détendre.


Nos merveilleux enfants sont mobilisés, attentionnés, organisés comme si le monde était devenu notre famille, une famille qui s'adapte au contexte. Les enfants vivent une très belle présence près de leur maman. Je suis le premier témoin et bénéficiaire de cette tendre et affectueuse présence. Les confidences, les secrets, les partages d’essentiels se déploient dès que Cécile est présente à nous.


En juillet, malgré les congés, le cercle des proches est resté dense ce qui m’a permis de mieux passer cette période difficile. Août s’annonce plus calme forcément mais avec des très proches qui feront de petites parenthèses dans leur été pour nous soutenir.


Il n'existe aucun tour-operator pour mettre au point un tel voyage, aucun site pour que s'organise une chaîne d'amour avec autant de justesse et de consistance, s’adaptant chaque jour à la nouvelle météo.

Pour se prendre le moins possible le mur il faut re-calibrer l'ambition à chaque instant... Il faut être à l’aise avec la frustration pour composer avec la maladie, ouvrir une voie tant pour le souffrant que le compagnon de cordée.


Dans notre été peu commun nous avons le temps en proximité de nous poser mille questions. Nous essayons de partager le mieux possible avec Cécile, de vivre au mieux. Me concernant la tristesse me gagne plus que la colère, je vis enchevêtré dans une tourmente avec le cœur qui se resserre et pourtant l’été conserve comme toujours ses aspects lumineux.


De notre désert nous rencontrons toujours un peu plus l’essentiel. Cécile témoigne être complètement décapée par son état. Progressivement la perte d’autonomie renvoie chaque être à sa plus simple condition. Que doit-on encore laisser de côté pour s’en tenir vraiment à l’essentiel? Nous sommes dépouillés chaque jour un peu plus, plaqués par cette lame de fond… et pourtant nous vivons des moments intenses et merveilleux.


Au fond de moi je sais que le pire n’est jamais certain, j’ose toujours croire à une embellie, que mon épouse chérie va reprendre des forces, retrouver la vie et la liberté qui lui manquent, partager les évènements heureux qui se profilent.


Bel été à tous les lecteurs,


Philippe.



Message de Cécile:


« Gratitude. Dans ce chemin aveugle, je ne sais pas où je vais, ce que je sais c’est que je suis merveilleusement entourée par le médical comme par ma famille et vous tous. Alors ce soir je pense à tous ceux qui sont seuls, malades, et avec peu de ressources personnelles. Sachez que je ne vous oublie pas, que je vous inclus dans mes prières. »



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