A toi mon ami(e) lecteur,
Comment vas-tu ? Comment vis-tu cette période de Noël ?
Dans cette news je te donne de mes nouvelles puis je te partage le cadeau que je me fais à moi même.
Ce n'est pas vraiment un cadeau que l'on pose au bord du sapin mais il est magnifique !
Avant cela, j’aimerais remercier notre fille Elise qui a mis en place mon nouveau blog "cecilechemindevie.com" car elle trouve l’ancien un peu… comment dire… vieillot !
Elle est merveilleuse d’avoir eu envie de me rajeunir, de m’aider à m’adapter au monde nouveau, à un style plus moderne. Je l’en remercie du fond du cœur. Sachez qu'elle a qu’une envie : améliorer le lien entre vous et moi. Elle sait combien vous êtes importants dans ma vie. Alors n’hésitez pas à me partager vos remarques, souhaits, critiques je lui en ferai part.
Comment va Cécile ?
Cécile et - ou son cancer ? En effet, nous sommes tous les 2 intimement liés et complétement séparés. Je suis toujours malade d’un lourd cancer et je vais bien. Pouvez-vous ressentir le paradoxe d’une telle phrase ? Vivre à la fois la détente d’une santé qui s’apaise et sentir que la peur rôde, ce n’est pas simple. Mon psychisme se retrouve face beaucoup d’adaptation à accueillir, de souplesse à développer, d’optimisme à dynamiser.
Le bilan médical de fin novembre a, encore une fois, donné des résultats « un peu spéciaux » pour lesquels mon oncologue a eu un regard positif. Elle affirme : « cancer stable depuis les derniers examens ». Parfois je me demande si elle ne cherche pas à me rassurer afin de m’aider à garder le moral.
Suite au bilan, mon dossier est parti en réunion de « RCP » (Réunion de Concertation Pluridisciplinaire) où un collège de spécialistes décide du cas « madame Hyvert ». C’est une procédure normale en cas de cancer, un oncologue ne décide jamais seul.
Pour la première fois j’ai eu envie d’écrire à ces supers toubibs afin qu’ils n’analysent pas mon cas uniquement sous le regard des imageries médicales, des données sanguines, mais aussi en tenant compte de mes besoins. (Je vous ai joint la dite lettre ci-dessous, après ma news. Vous la retrouverez aussi dans la rubrique MEDECINS - Lettres aux medecins).
Conclusion, ces « supers » médecins me cherchent un traitement plus adapté à mon besoin de vivre car j’ai une over dose de chimio. Après 4 ans, on comprend ! Vous le savez, je ne suis pas aussi forte qu’il y paraît…
Ces médecins ont décidé d'envoyer mon dossier médical en Allemagne. Là bas ils ont la possibilité d’utiliser des soins en radiothérapie métabolique, non encore homologués en France, pour mon type de cancer, et qui pourtant les prend à sa charge grâce à notre chère sécurité sociale (merci à elle).
Fin janvier l'équipe allemande me dira si mon « cas » correspond à ce type de traitement ; d’ici là je vais bien évidemment rester sous étroite surveillance. Je vous en partagerai les évolutions.
Venons-en à mon cadeau de Noël, j’imagine que vous êtes tous curieux de savoir ce dont Cécile a envie…
Alors sachez que, bien-sûr, je souhaite le plus beau des cadeaux : de l’amour et un pardon à moi-même ! Se pardonner.. est-ce possible ? Oh que oui et cela a le grand avantage d'ouvrir un espace de joie et de meilleure respiration au sein de son propre corps.
Côté pardon, voici mon cheminement : Depuis quelques temps j’ai conscience d’avoir perdu, sur la route de ma vie, la fille créative que j’ai toujours voulu être et que j’ai laissée de côté en vieillissant, probablement par peur de déplaire ou de blesser.
Pour me mettre en paix avec elle, je vais la rappeler à moi, lui laisser de la place, lui ouvrir à nouveau mon cœur, mes mains, mes mots, mes impulsions et tant pis pour mon « image de marque » si alors certains trouvent que j’ai mauvais goût, que j’écris mal ou que je bouscule. Je souhaite resentir la joie qui s'épanouit avec cette partie là de moi et mes prises de risque prouveront que je suis vivante.
Pour 2016, je formule donc le rêve et le souhait d’oser la Cécile « différente », de me mettre en route encore plus vers moi-même. Mon cancer en étant si spécial me montre peut-être le chemin ; la voie que mon être cherche à retrouver.
De plus et surtout, comme nous n’avançons jamais seul(e), je vais prendre comme engagement de me répéter souvent « Cécile, laisse Dieu être Dieu, Dieu te garde !».
Et vous ? Quel cadeau vous faites-vous en ce jour de Noël ? Quel cadeau immatériel...
Je vous embrasse de toute ma joie de vous connaître. Merci de votre fidélité.
Continuons à être des anges les uns pour les autres.
Bon Noël ; Bon cadeau à vous trouver pour vous-même.
Cécile
Le 30 novembre 2015, courrier
A l’attention des médecins de la RCP
A l’attention de Madame le docteur D.
Madame, Monsieur,
Depuis quatre ans vous suivez avec grande attention le « dossier Hyvert ». Je voulais vous adresser mes remerciements et toute ma gratitude pour ce que vous faites pour moi et pour tous les malades dont vous avez la charge.
Je sais qu‘à chaque étude de dossier vous cherchez à prendre en compte non seulement les données physiologiques du malade, mais aussi des éléments tels que son tempérament, son environnement, son moral. Tout cela, nous le savons tous, a une grande importance.
Je sais que mon médecin référent, le Docteur F., prend en compte ces éléments, mais j’aimerais profiter de l’examen global et collectif de mon cas, par vos soins, pour m’exprimer sur mon moral et mes besoins actuels.
Je vous remercie de votre attention.
Voilà quatre ans que, en rassemblant mon courage, j’avance avec ce cancer en moi, mais il est une épreuve que j’encaisse de plus en plus difficilement : la répétition fréquente et rapprochée de mes soins qui occasionnent des accès d’intense fatigue, revenant plusieurs fois par jour ; conjugués aux intenses désordres intestinaux, dont j’ai le plus grand mal à récupérer. Ces effets m’accablent et m’empêchent de retrouver cette énergie si nécessaire à ma lutte et mon besoin d’une vie active, vivante !…
Ce que je vis depuis six mois m’est très difficile à supporter : mon espace de « normalité » a quasiment disparu. Après une cure, je ne commence à aller mieux que trois à quatre jours avant de replonger du fait de l’administration d’une nouvelle cure; tous les quinze jours, j’ai le sentiment de repartir vers une noyade…
Mes tentatives pour compenser le plus possible ces chocs répétitifs, par toutes sortes de soins, accompagnements et substituts personnels ne semblent pas suffisantes pour pouvoir « tenir » ; pour parler franchement, je m’inquiète sérieusement de ma capacité à supporter encore longtemps ce rythme…
Voici ma demande :
J’éprouve une grande nécessité, au moins pendant un temps, de souffler un peu pour retrouver mes marques et (re)vivre d’une façon à peu près normale…
Peut-être plus encore ai-je besoin de présenter à mes quatre enfants une maman, à mon mari une épouse, certes pas guérie, mais pour le moins un peu plus disponible, un peu plus présente, un peu plus gaie… Je consacre aujourd’hui une grande partie de mon énergie à lutter pour mon hygiène de vie, afin de pouvoir tenir.
Ainsi donc, pensez-vous possible d’envisager une pause dans mon traitement ? Et par la suite, pensez-vous que l’administration de mon protocole actuel, si tant est qu’il n’évolue pas, puisse être espacée quelque peu ? Ce rythme actuel d’une semaine sur deux m’épuise…
Ou peut-on dénicher un traitement « plus doux » qui prenne mieux en compte mon besoin viscéral d’une vie active ?
Ne doutant pas par ailleurs de votre recherche des meilleurs choix thérapeutiques en ce qui me concerne, je voulais vous renouveler ma confiance.
Je peux, si vous le souhaitez, m’entretenir avec vous, à votre convenance.
Avec ma reconnaissance et mes remerciements anticipés,
Cécile Hyvert.
PS : Pour votre information, j’ai travaillé pendant sept ans dans le service du professeur Wallaert à Calmette, en qualité de psychologue. J’ai été, à la suite de ma maladie, contrainte d’arrêter brutalement ce métier que j’aimais tant.