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Cécile

Cécile en juillet 2015 #41

Cher lecteur, Chère lectrice,


J’ai beaucoup hésité à t’envoyer cette news. J’ai peur qu’elle ne t’inquiète et ne te mette mal à l’aise. Je l’ai écrite à un moment difficile de ce mois de juillet mais elle n’est absolument pas le reflet de tout ce joli mois d’été. Sache le et lis la tranquillement.


Enfants, amis, famille, je sais que vous êtes là, avec moi, avec nous, pour que la vie soit plus forte que le cancer. Vous y réussissez avec bonheur, soyez-en convaincus même si parfois, comme je le raconte dans cette news, la solitude du guerrier pacifique est grande.




Quand vacances riment avec renaissance, une news qui évoque mon désir de mort (ou plus vraisemblablement mon désir de vivre sans souffrance) risque de vous agresser, d’avance sachez que vous avez la possibilité de ne pas la lire.


A la Pentecôte, vous avez tous œuvré pour stimuler la vie physique en moi, ma reconnaissance est grande. Maintenant, il s’agit d’autres espaces de vie, le cœur, le mental, l’énergétique… D’ailleurs, ne sommes-nous pas entourés de personnes en bonne santé désirant quand même mourir ?



Voilà plusieurs jours que la mort m’obsède. Son appel a envahi tout mon être, le bousculant, le fatiguant.

Que se passe-t-il ? Je fatigue… j’en ai assez de cette vie sans aucune visibilité sur ma vie future si ce n’est qu’elle ira de chimio en chimio... Il y a bien ce remède miracle du « vivre au jour le jour » mais même cet état de grâce ne fonctionne pas toujours, et spécialement pendant les vacances où tout le monde s’agite autour de moi avec joie, énergie et que je dois régulièrement rester au calme, au repos, à un rythme tranquille. Je le dis souvent : « j’ai l’impression d’avoir un corps de 80 ans avec une tête et un désir de vie de 50 ».


Avez-vous déjà tenté d’exprimer autour de vous votre envie d’en finir avec la vie ? Ou même tout simplement tenté d’évoquer qu’aujourd’hui tout va mal, que vous êtes malheureux ? Si vous êtes au travail, vos collègues vont peut être compatir, mais au bord d’une plage ou avec un joli verre de rosé à la main, cela décale, c’est indéniable. Tentez l’expérience, voyez combien de personnes vont réellement réagir à votre appel au secours, à votre panique, à votre extrême solitude… Nous le savons, la maladie, la douleur, l’appel de la mort font peur aux « biens portants ». Certains craignent la « contagion » mais d’autres ne savent tout simplement pas comment s’y prendre pour nous rejoindre. Alors nous, les plongeurs en eaux troubles, dans le noir de l’océan de la vie, nous nous taisons. Nous enfermons notre ogre dans notre corps qu’il grignote tranquillement.


Heureusement pour moi, quelques copines se sont arrêtées près de mon gouffre et sans peur, tranquillement, elles ont porté mes errances, ma panique.



Lors de ces quelques jours de plongeon, une amie m’a demandé comment m’aider, voici ce que j’ai su lui répondre:


  • N’hésite pas à me dire : « même quand tu ne vas pas bien, je t’aime. Ce que tu vis me dérange car je ne le comprends pas, cela me fait peur, mais ma tendresse est toujours là. Ce n’est pas toi qui me fais peur, c’est l’appel que tu ressens ». Dis-le avec les yeux, les gestes mais aussi avec les mots

  • Si tu peux, mets toi à mon rythme, ne me demande pas de vivre le tien, j’en suis incapable.

  • Pour l’instant, ne cherchons pas les pourquoi du comment… les y’a ka… partons du principe que les raisons du désir de mort sont réelles et vraies pour « celui qui souffre », c’est son vécu et ce n’est pas à remettre en cause. Respirons ensemble.

  • Écoutons ensemble l’émotion qui s’échappe de ce désir de mort. Est-ce de la colère ou une grande tristesse, une immense peur ou peut-être aussi la joie de rejoindre, enfin, La Lumière, en finir avec l’insécurité… partageons autour de ces émotions qui envahissent l’âme.

Évoquer ce qui me meurtrit, c’est permettre à ce sentiment, comme à l’émotion, de vivre et donc ensuite, de mourir… enfin ! Alors et alors seulement, la place commencera à être vacante pour un nouveau regard sur ma vie et notre humanité.


Partager avec vous mes cris me permet de lâcher petit à petit mes émotions, mon corps s’apaise, la tension se calme. L’énergie va donc enfin pouvoir revenir tranquillement, le sommeil aussi. Je sais, pour l’avoir déjà vécu, qu’ensuite le désir de vie reviendra et sera un bien beau cadeau…


Jusqu’au prochain cycle de mort-renaissance. Jusqu’à ma prochaine panique. À chaque pas, chaque étape, j’en ressors plus tendre, et vous aussi qui avez pris soin de moi.


D'ailleurs, peut-il y avoir renaissance sans qu’elle soit précédée d’une mort ?


En conscience, je bénis mon instinct de vie qui est encore plus fort que mon instinct de mort puisque finalement je me laisse me noyer dans mes larmes en espérant que demain est un nouveau jour. Ce qu’il devient, immanquablement.


C’est si rare que j’exprime, clairement, cette détresse.


Je vous embrasse comme je vous aime, avec gratitude.



Cécile

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