Mon enfant, laisse-toi aimer.
Là est la Louange.
Cher lecteur,
Suivant l'heure de la journée où je prends le clavier pour vous écrire, ma news prend une teinte si variable que j'en suis toute perplexe.
Faut-il vous raconter ma plongée dans la tristesse, mon calme assez serein, la joie de l'amour, la douleur d'aimer, mon corps qui se détricote, ma colère pour certains médecins qui se protègent de la douleur de leur patient, ma solitude, mon désespoir, mes multiples soutiens, mes chances, mes apprentissages, ma relation au Divin... ?
Bref, vous partager tous les paradoxes de ma vie, c'est trop compliqué pour mon petit talent.
En 24 heures, je passe par toutes les couleurs de l'arc en ciel.
Décembre, le bilan a montré que la dernière chimiothérapie a été inefficace et que le cancer en a profité pour proliférer dans le foie et grossir au niveau de la masse du pancréas.
Aller à Paris pour y être soignée par un médecin spécialisé, entendre des espoirs nouveaux et finalement me retrouver avec un cancer qui prend du terrain, la déception est grande.
Ce n'est pas la première fois que le cancer repart mais j'ai maintenant trois ans de chimiothérapie derrière moi et la fatigue, le ras-le-bol, l'envie de lâcher prise reviennent plus vite. En même temps ma capacité à m'assouplir, à me confier à la vie, à son mystère, à l'amour du Souffle de Vie, que certains appellent Dieu, est aussi plus grande.
Et voilà ce qui explique mes multiples "grand-huit" dans une seule et même journée.
Côté physique, je sentais bien que j'allais moins bien, le système digestif est vite mis à mal, le foie a grossi sous mes doigts, la fatigabilité plus exacerbée... et en même temps, je vous écris de la montagne où j'ai donc pu me rendre. Je marche peu, ne skie pas mais savoure la vie familiale. Nous profitons tous de ces moments bénis. De plus mes globules y prennent des forces pour le prochain matraquage.
Malgré mon envie de tout abandonner, il n'est pas encore question de poser mes "valises terrestres".
Mes enfants m'ont demandé ce matin : "comment vas-tu trouver, maman, la force de continuer à avancer, te "battre" ?
J'ai répondu : "vous aimer me remplit de joie et me fait à la fois mal tant j'ai peur de vous perdre et de vous faire mal... je vais donc avancer dans l'abandon... Laisser mon corps puiser dans l'énergie du creux "
Ma fille de répondre : "mais maman, tu ne peux pas te laisser faire complètement, tu ne peux pas abandonner !!"
"Oui, tu as raison, pas encore, mais avec vous mes enfants, votre père Philippe, ma famille, vous tous en lien avec moi, l'énergie du désespoir peut être puissante, je le sais.
Par ailleurs, il parait que l'aspiration du vide peut faire des miracles... qui sait ? "
N'ayons donc pas peur de nos plongées dans le néant.
Il me semble que la Terre vient d'un bing bang (un point infiniment petit avec une énergie infiniment grande) et nous de ce chaos apparent !
En ce jour de Noël et à la veille de 2015, recevez toute ma tendresse pour vos chemins de vie. Qu'ils en soient à une époque de grandes joies, d'épreuves, de douceur, que sais-je encore, n'oublions pas que nous sommes tous d'une même humanité.
Ce soir j'allumerai une bougie en pensant à vous.
Avec toute ma tendresse,
Cécile
"Mon enfant, laisse-toi Aimer. Là est la Louange".