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Cécile

Cécile en décembre 2013 #24

On lutte contre la maladie, on lutte contre la mort. C’est un combat permanent. On est épuisé avant même d’avoir pris le temps de guérir. Il faut, au contraire, faire de notre maladie un allié, ou tout au moins un adversaire - c'est-à-dire celui qui vous enseigne à vous surpasser -et pas un ennemi.

Princesse de Polignac




Après un bon mois de novembre, bilan de décembre.

Que se passe-t-il quand j’apprends que, malgré la chimio, le cancer a progressé de 33%?

Je commence par être sous le choc et sans voix, sans voie.

Puis l’information arrive tout doucement à ma conscience et là je plonge dans un vide vertigineux empli de solitude. Douleur et solitude m’ont assaillie. Ce jour-là ce fut brûlant en moi, dans mes yeux, dans ma gorge, sur mes épaules, alors même que je suis très bien accompagnée, soutenue.

La question devenant : quel est l’avenir qui m’attend ?


Et là, vous le savez, l’imagination devient vite fertile… malheureusement.

J’ai subodoré les mois à venir avec une nouvelle chimio plus agressive et j’ai eu très envie de baisser les bras. Mon langage est devenu, pendant quelques heures, un peu macabre. Je passe et repasse dans ma petite tête mon enterrement… Cela en est presque tentant. Et pour avoir accompagné nombre de patients confrontés à la mort probable, je sais que c’est une étape nécessaire et que je n’ai pas à en avoir peur… ça va passer… si je ne la bloque pas !

Merci à eux de m’avoir tant et tant enseigné la vie.

Puis, j’ai senti une immense douleur à imaginer la peine qu’allaient avoir mes enfants. J’ai « craqué » encore plus.


Alors comme d’habitude, j’ai plongé dans l’émotion en me délestant sur de bonnes amies qui ne cherchent pas à rassurer mais à accompagner le cycle afin que l’être passe à l’étape suivante… et ceci est fondamental.


Allez-vous me croire, mais bizarrement, les heures passant, j’ai commencé à sentir une douce paix m’envahir en même temps qu’une force tranquille.

Je me suis surprise moi même. Quelle est cette énergie descendue en moi au point que j’arrive à être dans l’instant présent et le vivre ? Est-ce la Paix que le sacrement des malades offre ?

J’ai bien dormi plusieurs nuits de suite, j’ai su dire mes besoins fermement et calmement pour ce temps de vacances qui arrive. J’ai pris de la distance par rapport à la souffrance qu’apporte toute maladie à l’environnement du malade.

J’ai ma route à suivre, mon être à ouvrir, mon âme à laisser grandir quel que soit mon avenir.


Avec cette paix la plupart du temps en moi, j’ai poursuivi les différentes étapes de l’évaluation de la maladie jusqu’au moment de la conclusion de ce bilan par l’oncologue. Quand celle-ci confirme la reprise du cancer, j’ai de nouveau été sonnée… et la tentation d’imaginer demain m’a reprise… alors je lui ai demandé « mais pourquoi ai-je un si bon état général ? » elle n’a pas su me répondre mais elle m’a dit « c’est un bon atout :-) »


Plus que jamais je pense que pour bien vivre ce que chacun de nous a à vivre, il faut que le corps dans son entier, dans ses multiples conjugaisons, s’épanouisse et évolue.

C’est mon atout, mon corps et mon âme développent des talents même si le cancer progresse.


Vivre l’instant, ouvrir tout mon être aux saveurs de l’instant visible et invisible, c’est mon chemin de maintenant.


Alors ensemble, aidons-nous à muter vers une vie de « belles » vibrations.


Je vous souhaite une bonne année.

2014 est une année neuve, à moi, à nous de la regarder ainsi.


J’aurais bien aimé ne plus avoir à vous écrire ma petite vie mais il semble que ce ne sera pas encore le cas… et finalement tant mieux puisque cela veut dire que je suis vivante… et vous aussi puisque vous me lisez !

Réjouissons-nous… dans le plus profond de nos cellules.


Je vous embrasse,

Cécile



Il y a des moments où l’on ne sait plus.

Le savoir s’écroule.

On ne sait plus ce qu’est la vérité.

Tout vacille, toute certitude se perd.

On est là, dans une sorte de vide.

De silence.

On sent encore le mental qui s’agite,

Qui voudrait trouver une nouvelle certitude,

Une nouvelle vérité sur quoi s’appuyer.

Mais on sent que c’est une illusion,

Encore une façon de se tromper soi-même,

De se jouer une comédie pour ne pas lâcher,

Pour ne pas se retrouver devant quelque chose d’autre,

D’inconnu, de plus vaste.

On se sent à la frontière de deux mondes.

On est là, en bordure, le mental vacille.

Quand cela arrive, ne pas avoir peur.

Rester sans appui.

Sentir.

Chut !

Sachons que quelque chose s’éveille…

Un Anonyme

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