Début août mon neveu de 5 ans, César, a demandé à sa maman : « Pourquoi Cécile, elle a des larmes dans les yeux ? ».
Ce mois d’été fut un beau mois. Côté purement physique, à la demande de mon médecin, j’ai fait un petit aller-retour dans le nord pour la troisième opération sur les varices de mon œsophage. Outre que ce voyage m’a permis de retrouver « mon » dessin-soleil dans la salle de réveil (cf news de juin), j’ai eu la joie d’entendre mon médecin me réveiller en me disant : « On ne vous a rien fait car vous n’avez plus de varices ». Chouette ! Bravo mon corps, tu as bien travaillé. J’ai vite oublié que l’on m’a donc anesthésiée « pour rien » ou plutôt « pour me féliciter ! ».
Côté sanguin, le niveau de mes plaquettes et globules blancs continue à être trop bas, mais on verra cela au bilan de septembre. Pour l’instant, trêve médicale.
Comme je vous le disais en juillet, je vais bien et pourtant César a bien remarqué que « j’ai eu souvent des larmes dans les yeux… »
Oui, début août j’ai plongé dans ce que j’ai appelé « un coup de déprime ».
Peu de personnes osent utiliser le mot de « déprime », il fait si peur et pourtant…
Ma sensibilité était à fleur de peau et César avec sa question si joliment formulée, a été le premier à m’aider. Cela m’a « tarabiscotée » qu’il ne dise pas « pourquoi Cécile pleure ? ».
J’ai donc demandé à mon fils de 16 ans quelle différence il voyait entre ces 2 expressions : « pleurer » et « larmes dans les yeux ». Sa réponse fut rapide et nette : « Maman, c’est simple: Pleurer indique que tu souffres, des larmes dans les yeux que tu te libères »… Effectivement, merci Eliot, c’est simple.
Oui, en ce début de mois, j’ai eu des larmes dans les yeux. Mes paupières furent les écluses et les indicateurs de mon intérieur malmené, probablement pas assez nourri de son essentiel.
En voyant mon vague à l’âme, quelqu’un m’a gentiment dit « regarde devant, aie des projets, vois la guérison »… ou encore « mais on soigne mieux ton type de cancer, tu peux vivre 8, 10, 20 ans… aie confiance ! »
Imaginez que l’on a encore 10-15 ans à vivre n’a jamais consolé personne, surtout à 53 ans et avec 4 enfants.
Ce son les fameux : y’a ka, y’a pluka.
Qui d’entre nous peut dire avec force « j’aime bien quand je craque, quand je pleure…»?
Malheureusement, on commence par s’en vouloir, culpabiliser, se trouver nulle, se cacher. Peu d’entre nous sont arrivés à cette sagesse simple et tranquille, pleurer lave le chagrin.
Et pourtant, l’eau est indispensable pour faire pousser les plantes, pour contenir le fœtus, pour vivre. Elle l’est aussi pour aider aux passages de vie, elle est l’huile qui permet à mes rouages intérieurs de se dégripper, d’oser le renouveau.
Et sans renouveau, point de guérison.
Alors, avec moi, que tous ceux et celles qui pleurent soient fiers d’être des alchimistes ! Il nous est donné la possibilité de transformer une tension en une résurrection… Accueillons ce chemin des larmes, rendons lui hommage.
Je demande une tendresse infinie pour les êtres humains qui dépriment. Regardons les comme des personnes en crise et donc en mutation.
Parlons à leur enfant intérieur afin de le rassurer : « Je suis là même si ton chemin ne regarde que toi. Ne cherche pas à être quelqu’un d’autre. Ton corps te lâche, il se libère, tente de l’aimer quand même ».
Puis le voile s’est levé et la seconde quinzaine du mois fut délicieuse, tranquille, centrée sur ce que j’aime et à mon rythme. D’ailleurs c’est peut-être cela la clé du succès.
J’ai pris le temps d’aller aux vêpres dans un monastère près d’ici. Accueillie par une petite sœur de Bethléem tellement lumineuse, avec un regard tellement simple et juste humain qu’encore une fois, les écluses de mes yeux ont laissé passer les larmes. Cette fois-ci, leur goût fut celui d’être rejointe, une saveur merveilleuse.
Jour après jour je tente de ne pas penser au bilan de septembre mais je me prépare à vivre la prédiction de mon médecin : « Mme Hyvert, reprise très probable de la chimio à la rentrée ». J'en ai si peu envie et pas vraiment le courage.
Heureusement j’ai de beaux projets en perspective. Le premier sera un pèlerinage à Medjugorje où je ne suis jamais allée. D’ailleurs, vous êtes ma première motivation pour cette aventure ! Si vous voulez en savoir plus, retrouvons nous dans ma rubrique : « spiritualité, partage aout 2013, Medjugorje ».
Avancer un pas à la fois et laisser couler les larmes avec le même respect que pour la joie quand elle vibre le renouveau.
Retenons que ce fut un beau mois d’août. La nature est si belle, l’affection de mes proches si vivante.
Je vais aller prendre mes pinceaux et peindre la future Cécile… je l’aimerais multicolore.
Ça vous dit ?
Cécile